Comme quoi, on finit toujours pas y arriver.
Bien qu'ayant raté celui de Tokyo 2011 j'aurais finalement réussi à faire celui-ci:
Shonan International Marathon, le 03-11-2011.
C'est vrai quoi, après tout il faut bien s'occuper un peu. Donc pour pimenter un peu ce séjour au Japon 2011, qui devait théoriquement avoir lieu au printemps mais que des évènements tragiques nous ont conduits à repousser, j'ai de nouveau participer à cette épreuve qu'est le marathon. Pour mémoire le récit de celui de Tokyo en 2010.
.....ha oui au fait, je suis au Japon !!! Mea culpa, j'ai un peu (beaucoup) négligé ce blog, et l'annonce de ce voyage n'y a même pas été faite. Mais à défaut de l'avoir écrit, j'y suis.
Donc ce marathon, pas franchement préparé comme le précédent, si ce n'est à ma façon c'est à dire sans...façon. Pas de programme particulier ni calcul scientifique pour optimiser mes performances tout juste une montre au poignet, certes un peu "hype" de chez nike mais ça c'est le petit plaisir perso, pour suivre mon trajet.
Donc forcément quand la préparation n'est pas optimale, le calvaire lui est maximal. Mais avant de m'appitoyer sur mon sort, reprenons les choses à leur commencement.
Une inscription préalablement nécessaire à la participation mais aussi à la préparation, avec l'envoi du dossard et d'un Tee-Shirt fort sympatique (certaines courses pourraient en prendre de la graine).
Cette année, je me suis jeté dans la cour des grands. Compte tenu de mon résultat en 2010, je me retrouve dans le groupe C. C'est sympa mais faut l'assumer.
Un marathon se courant classiquement un dimanche, celui-ci profite d'un jour férié qu'est le 3 novembre, pour se courir un Jeudi. Le départ étant donné à 09h00, c'est donc aux aurores qu'il faut se lever pour rejoindre le village où sera donné le départ.
Malgré la densité du réseau de transport au Japon, il me faudra pas moins d'une heure et demi pour y arriver. 1 heure de train et 30 minutes de marche, le réveil musculaire est assuré ça ne fait aucun doute.
Evidemment il est conseillé d'être dans les blocs 1 heure avant le départ, sachant que préalablement on se change, on dépose les affaires à la consigne et on profite un peu des animations du village, tout mis bout à bout, j'ai du quitté la maison à 5h15.
L'ambiance dans ce genre de rencontre sportve est excellente. Ici l'épreuve est soutenue par des vedettes de la télévision nipponne qui y vont de leur show. La joile demoiselle en jaune, Ai Haruna, au physique très plaisant et richement doté par dame nature, est en réalité un homme, dont la célébrité repose uniquement sur sa transexualité (mais il est grave bonne !!!).
Alors forcément, y a pas grand monde pour se prendre au sérieux et les déguisements que certains arborent pour courir confortent cette idée. D'ailleurs pour certains, vu l'ampleur du grimage, il faut un sacré niveau pour finir les 42km195 ainsi vétu. Celui qui m'aura le plus marqué durant la course, c'est un salary men (employé), en costume/cravatte, attaché case à la main, chaussures de sport tout même, arborant fièrement un groupe B, et tenir un rythme à faire palir. Et croyez moi, le pubic n'était pas en reste à son passage. Je rêverai d'en faire autant, mais faut du niveau quand même.
Après une apparition du soleil durant l'attente dans les blocs, faisant craindre une chaleur étouffante, celui-ci est resté masqué par les nuages toute la journée, maintenant un 18 à 20°C pendant la course des plus agréable. Bilan, une météo au top.
Le cadre tout aussi sympatique, en bord de mer, pour un tracé roulant mais un peu fade. Grosso modo, un aller et retour de 21 kilomètres chacun sur une grosse nationale (pour voir le tracé) et un final de cauchemar mais j'y reviendrai.
La course en elle même, ma course. Tout débute bien, je me cale sur un 4'30" au Km avec l'espoir de le maintenir tout le long...et oui l'espoir fait vivre. Dans un premier temps, pas évident car les premiers kilomètres tout le monde se marche dessus, il faut donc slalommer dans tous les sens pour se frayer un chemin. Bien que du même groupe on ne va pas tous à la même vitesse et il faudra bien attendre le 7ème kilomètre pour que le gros de la troupe s'aère et que la circulation devienne fluide. L'an dernier déjà, je m'étais frayé un chemin comme un guedin, ce qui m'avait couter très cher par la suite. Cette année j'ai joué la carte du rythme, maintenir mon objectif coute que coute, sans le dépasser pour ne pas me griller d'avantage, ce qui a porté ses fruits...sur les 20 premiers kilomètres. En arrondissant, je boucle le semi en 1h35', ce qui sans être exceptionnel sur cette distance, laisse augurer que du bon (pour moi) sur le full, à condition évidemment de maintenir le cap. Et ç'est là que tout se bouscule, du 18eme au 21ème je perds 30" au km et après c'est la dégringolade, les jambes sont lourdes, font extrêmement mal et le moral tombe d'un coup, je n'ai qu'une seule envie: me mettre sur le coté, lacher l'affaire et rentrer en marchant. Pour autant, les gens autour de moi continu de courir, chacun à son rythme et là, le moral en prend encore un coup. On scrutte sans cesse les dossards des autres pour voir à quel groupe ils appartiennent, dès fois que les suivants nous rattrapent. "Merde, quoi, je ne suis pas venu là pour m'étaler de cette façon".
Et pourtant il reste encore plus de 20 km à parcourir et le mental et le physique vous ont déjà laché, c'est le "mur". Celui dont tout le monde vous parle quand vous débutez dans le marathon. Ce "mur" si caractéristique, qu'on ne sent pas venir, car quelques kilomètres avant, on se voyait bouffer tout le monde jusqu'à la ligne d'arrivée. J'ai bien tenté de l'éviter en profitant de tous les ravitaillements mais cela n'aura pas suffit, il se tient là, face à vous, inévitablement. D'ordinaire il arrive plus tard, vers le 30ème kilomètre dit-on. Mais c'est surtout en fonction de chacun, de sa forme du moment et de ses réserves. Car ce mur marque la limite de l'épuisement de vos ressources énergétiques avant que le corps n'aille puiser dans les stocks "d'urgence". Et à la façon du voyant rouge sur le tableau de bord au moment du passage en réserve, le mur vous vous le prenez en pleine face histoire d'être sûr que vous ayez bien compris le message d'alerte. Seulement, à la différence de la voiture, il ne suffit pas de le constater pour pouvoir conitnuer, là il va falloir lutter contre soi-même pour taper dans la réserve. C'est donc un autre combat qui commence entre la raison et la fierté. La première vous engageant aprement à vous arrêter. "C'est vrai quoi, à quoi bon se faire autant de mal ?".Et la seconde, celle qui fait faire tant de conneries quand on est jeune, et même moins jeune, qui vous traite de tous les noms d'oiseaux, vous passe dans la tête toutes les images susceptibles de vous faire lacher ne serait ce que quelque gouttes d'adrénaline pour relancer le machine.
Le cauchemar durera ainsi jusqu'au 25ème km. Assimilation du ravitaillement, accès aux réserves, je ne saurais le dire. Quoi qu'il en soit, le corps se redresse, le regards plonge vers l'horizon, la foulée s'allonge, le moral revient, le sourire avec, je suis presque euphorique, tellement heureux de ne pas avoir abandonner. Quand l'espoir renaît d'arriver jusqu'au bout.
Mais l'éclaircie n'aura été que de courte durée, 5 km après , un second mur. je n'ose y croire, il me reste plus de 10 km à parcourir, ça ne passera jamais. Toutefois, les données ont changé, le corps souffre mais le moral tient bon et c'est ce qui compte. "On fera avec, après tout c'est la tête qui commande, bon dieu !".
Et la fin se déroulera ainsi, entre baisse de régime et regain d'énergie, à la façon d'un oscilloscope en mode courant alternatif (haaaa nostalgie des cours de techno').
Mais quelque chose me tracasse malgré tout, on se rapproche de plus en plus de notre point de départ, pour autant il reste trop de kilomètres à parcourir pour que ce soit l'arrivée. Mais cette finish line est belle et bien là, au milieu du village, et déjà je la vois sur les hauteurs, quelques centaines de mètres nous en sépare, et la montre affiche 38 km. Il y a quelque chose qui cloche. Difficile de réfléchir quand y a plus de sucre à brûler. Quand le flash, le tracé du parcours s'impirme devant moi..."les enc'...!!!" les derniers kilomètres font une boucle, on poursuit sur la ntaionale pendant 2 kilomètres avant de revenir......"OHHH la misère !!!". Dorénavant les gens que je croise de l'autre coté de la glissière se rapproche de l'arrivée tandis que je m'en éloigne. Dur ! Très dur ! Trop dur ! Le moral rend l'âme, adieu chrono, bonjour "Walking Dead", c'est l'errance qui commence.
Les mètres ne défilent plus, le temps s'est arrêté, j'ai pris 30 ans dans le nez, je suis un vieux qui n'en veut plus. L'agonie est longue mais quelqu'un semble la partager avec moi. Quelques temps déjà que nous sommes cote à cote, strictement au même rythme, si on peut encore en appeler ça un. Frère d'une souffrance, frère d'une course, il engage la conversation. Une conversation simple, ponctuée d'essouflements, d'un mélange de japonais et d'anglais et de douleurs musculaires. Cette rencontre me relance, et malheureusement l'écart se creuse, je l'encourage à me suivre mais rien n'y fait. Mais peut être aurais je du rester à son coté car la reprise est éphémère alors que le dernier ravitaillement, au 40 km, approche, en sortit de boucle, ouvrant sur la dernière ligne droite. Une grande question se pose, je me désaltère ou pas, si je le fais je vais m'arrêter et marcher pour ne surement plus jamais repartir, la tentation est grande et je vais y céder.
Il reste 2km195 et je marchouille. Comme je ne cours plus, les jambes font extremement mal, c'est presque pire qu'avant..."Et merde, je ne vais pas craquer maintenant !", je tente d'allonger la foulée, ça fait mal, ça doit pas ressembler à grand chose, mais je vois sur l'affichage de ma montre que je cours, je ne marche plus. C'est alors que mon binôme des enfers surgit de nulle part, 'Ganbare" qu'il me crie "c'est bientôt fini". Il a cent fois raison le bougre, il est déjà loin mais je l'accroche et ne le lacherai plus. Mètres après mètres je vais remonter jusqu'à lui.
C'est ici que je reviens à sa hauteur. A moins de 200 mètres de la fin, la course se termine sur une boucle ascendante, un carnage, mais le moral est revenu, l'euphorie de l'arrivée, lui il souffre, à moi de le tirer, je l'encourage, j'ai de quoi partir pourtant je reste à coté de lui. Arrivé là le chrono on s'en fout c'est l'esprit qui compte. Nous franchissons l'arrivée ensemble, 3h40'47" c'est la fin d'un calvaire, d'une souffrance volontaire. C'était génial !!!.
Un put' d'esprit qui vous fait avaler 42km195 pour ça. Mais c'est trop bon, et je n'ai qu'une envie....recommencer.